Le MoDem a été au coeur des débats du congrès du PS de Reims.
François Bayrou, qui apparaît chaque jour davantage comme l'autre leader de l'opposition, livre ses réflexions sur la situation nouvelle du Parti socialiste et sur l'état d'une France dans la tourmente d'une crise mondiale.
A vos yeux, le Parti socialiste est-il désormais en fin de cycle ?
Tout ce qu'on vient de vivre le montre. C'est un parti qui, après quarante années d'existence, est coupé en deux. Pas seulement entre deux candidates, mais aussi entre deux lignes politiques qui opposent les socialistes entre eux et qu'en même temps ils n'assument pas. Il y a six mois, ils avaient, soit disant, adopté une nouvelle doctrine et accepté l'économie de marché, mais tout leur congrès a consisté à refuser cette ligne politique qu'ils avaient prétendument fixée. La question du MoDem n'a été que le symbole et le prétexte de leurs affrontements. Il était, au demeurant, très drôle de voir avec quelle véhémence certains ont condamné tout dialogue avec le Centre, alors que, chez eux, ils l'ont organisé en passant des accords municipaux avec le MoDem.
L'élection de Martine Aubry est-elle une bonne nouvelle pour le MoDem ?
Je m'interdis de regarder la situation sous cet angle. Je peux, bien sûr, voir des avantages à une situation ou à une autre, mais ce n'est pas ma réflexion prioritaire. Ma réflexion de fond est la suivante : la France, l'Europe et le monde vivent une crise colossale qui ne va pas seulement mettre en péril les économies, mais aussi obliger à changer le modèle qui dominait jusqu'à maintenant la globalisation. Je me suis d'ailleurs moi-même opposé à Nicolas Sarkozy au cours de la campagne présidentielle sur cette question du modèle capitaliste américain qu'il soutenait et que je récusais. Ce modèle s'est écroulé et il va continuer à s'écrouler dans toutes ses dimensions et pas seulement dans sa dimension financière. Face à cette situation nouvelle, le PS n'apporte aucune réponse. Ce qui était extraordinairement frappant à Reims, c'est que pas une idée n'est sortie concernant l'avenir de la France et la façon dont on doit désormais organiser la société.
Vous vous opposez avec virulence à Nicolas Sarkozy. N'y a-t-il rien dans son action qui trouve grâce à vos yeux ?
Je veux éviter le simplisme. J'ai ainsi soutenu le plan de sauvetage des banques, qui, par parenthèse, n'a pas été imaginé par Nicolas Sarkozy mais par le Premier ministre britannique, Gordon Brown. Contrairement à ce qu'on écrit quelquefois, ma confrontation avec Nicolas Sarkozy ne relève pas d'un problème de personnes. N'ayant jamais appartenu aux mêmes cercles que lui, je n'ai jamais eu avec lui ce type de problème. Je ne condamne pas l'homme, mais les décisions qu'il prend. J'en prends trois exemples récents. D'abord l'autorisation du travail du dimanche, alors que je suis pour qu'il subsiste un jour protégé de la consommation. Je suis par ailleurs opposé à la retraite à 70 ans, ce mécanisme non négocié et pervers. Je condamne, enfin, la prise de contrôle de l'audiovisuel public par le pouvoir. Il s'agit là d'une décision qu'aucun démocrate ne peut accepter. Je refuse pour ma part cette régression qui nous renvoie trente années en arrière.
Pour en savoir plus vous pouvez consulter le site web du Télégramme : http://www.telegramme.com
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