dimanche 7 décembre 2008

Lycéen: métier à risques

Les mots d'un père:
Voilà que ce week-end, j’accueille ma
fille Zoé — elle a 13 ans — de retour du collège de Marciac (Gers). Elle me raconte son mercredi au collège… Colère à l’intérieur de moi… révolte… que faire ? J’ai demandé à Zoé d’écrire ce qu’elle me disait là. Elle a accepté. Voici donc son témoignage, avec ses mots à elle :

Et le témoignage de Zoë commence : 

« Il nous l’avait dit, le CPE (Conseiller pédagogique d'éducation), que des gendarmes allaient venir nous faire une prévention pour les 4ème et les 3ème. Ce mercredi là (19 novembre 2008), toutes les classes sont entrées en cours comme à leur habitude, en suivant les profs. À peine dix minutes plus tard — nous étions assis — deux gendarmes faisaient le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous étions, les regardait en disant : « Ils font leur ronde ? » Elle n’était à priori au courant de rien. Soudain , la porte s’est ouverte, laissant entrer deux gendarmes… Enfin non, pas exactement : il y avait aussi un monsieur chauve habillé en militaire et un gendarme très gros…

Le chauve nous a dit : « Nous allons faire entrer un chien ! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas ! Quand il mord, ça pique ! »

Enfin il a dit ça, à peu près… Je me rappelle surtout du« quand il mord, ça pique ! »

Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s’appelait Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière son bureau, bouche bée. Le chien s’est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a claqué des doigts en disant : « Sortez, Mademoiselle, avec toutes vos affaires ! » Elle a rangé son sac, s’est levée et s’est apprêtée à sortir, mais le dresseur l’a repris vite : « Et ton manteau ! » Elle a rougi et emporté aussi son blouson..."

Vous pouvez lire la suite sur le lien ci-dessous: 
http://www.yetiblog.org/index.php?post/LES-CHIENS-AU-COLLEGE

Les professeurs ont été aussi choqués que les élèves et leurs parents, mais les informations n'ont commencé à paraître dans les journaux qu'après le récit du père.  Ci-dessous vous pouvez trouver le témoignage d'un professeur qui a été déposé vocalement sur le répondeur de l'émission "Là bas, si j'y suis" de Daniel Mermet sur France Inter et puis repris sur Dailymotion:

http://www.dailymotion.com/video/x7hw33_honteux-merci-sarkozy_news

Vittorio de Filippis de Libération, les lycéens du Gers, les lycéens de Levallois-Perret que Monsieur le Maire a fait expulser du conseil municipal parce qu'ils avaient osé vouloir exercer leurs droits de citoyens en allant voir le spectacle d'Au Théâtre ce soir déjà décrit par Gerard Schrepfer, ancien conseilleur municipal, fin 2006. ... 

On pourrait dire que ces trois faits n'ont rien en commun, mais comme témoigne encore le projet d'incarcérer des mineurs à partir de 12 ans (vite démenti par François Fillon, ce qui est à son honneur) il semble que les interventions musclées et les maîtres chiens prennent le pas de plus en plus sur un comportement qui respecte les droits de tout un chacun, quel que soit son âge.  

Si vous cherchez une preuve de la préférence croissante pour le tout répressif, regardez le site web de la Ligue des Droits de l'Homme à Toulon, qui a repris quelques statistiques venant d'un article du journal Le Monde en date du 23 avril 2008.  "En sept ans, le nombre des gardes à vue a augmenté de moitié, passant de 364 535 en 2000 à 562 083 en 2007. (La garde à vue) a tendance à devenir systématique..." Comme peuvent en témoigner nos lycéens de Levallois, qui n'ont pour seul tort que d'avoir voulu aider d'autres Levalloisiens.  Ils savent maintenant que le prix d'aller "Au Théâtre ce soir" peut se compter en nombre d'heures de garde à vue.


Vous pouvez trouver d'autres informations sur ces gardes à vue sur le site de la Ligue des Droits de l'Homme à  Toulon:

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le métier de philosophe n'est pas sans risques non plus et il semble que les statistiques pour les gardes à vue en 2008 vont comprendre pas mal de personnes qui exercent ce métier. Sur le site
http://www.profencampagne.com/article-26053338.html
je viens de lire l'article qui suit :
"Des philosophes en garde à vue à l’aéroport de Roissy CDG Mardi 16 décembre, un groupe de philosophes français s’embarquait à Roissy pour un colloque universitaire organisé à Kinshasa par l’Agence Universitaire de la Francophonie et les facultés catholiques de Kinshasa., sur le thème du dialogue et des frontières. Trois d’entre eux, découvrant au fond de l’avion un Africain entravé, ont seulement posé des questions aux policiers qui l’escortaient.

Ces questions ayant suscité une brève agitation, l’un des philosophes, Pierre Lauret, sur dénonciation de l’hôtesse et demande du commandant de bord, a été débarqué manu militari par la police et placé en garde à vue.

Libéré le soir, il est inculpé d’opposition à une mesure de reconduite à la frontière, et d’entrava à la circulation d’un aéronef. Aujourd’hui, lundi 22 décembre, à la sortie du vol retour de Kinshasa, les deux autres philosophes,

Sophie Foch-Rémusat et Yves Cusset, ont été appréhendés par la police et à leur tour placés en garde à vue.

Joyeuse façon de préparer Noël ! Tout cela, pour avoir seulement posé des questions à des policiers, sans émettre ni protestation ni appel ni slogan.

Le thème du colloque de Kinshasa:

La culture du dialogue, les frontières et l’accueil de l’étranger."