Cet article est paru le 26 mai 2009.
"C’est désormais certain: le grand vainqueur du scrutin européen sera François Bayrou. Pas pour son discours sur l’Europe, il n’en parle pas spécifiquement, et il l’assume d’ailleurs dans une interview de bonne qualité, ce matin, dans Libération. « Il n’y a dans cette élection qu’un seul enjeu, assure-t-il, notre modèle de société (...) J’assume donc de parler France et Europe en même temps. » La réflexion est à la fois vraie et tacticienne, mélange de talent et d’audace politique. En vérité, François Bayrou s’inscrit dans cette campagne européenne comme le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy, ce qui est une autre façon de dire le naufrage intellectuel du rêve européen en France, ou pour mieux dire du naufrage du rêve européen des Français qui furent pourtant les plus actifs dans son édification, tant les dix siècles de guerres passées nous avaient meurtri au plus profond de nos âmes et de nos chairs. Mais la mémoire de cette douleur s’est envolée. Alors, au fond de nous, nous ne voulons plus faire d’Europe. Nous acceptons, certes, le voisinage courtois et amical avec les Allemands, car l’Europe ce n’est que la France-Allemagne, nous aimons l’idée de la libre circulation des hommes sur le continent, pour le tourisme davantage que pour les affaires, et pour la culture plutôt que pour la monnaie. Mais c’est tout. Pour le reste, restons Français, entre Français. C’est ainsi qu’un peuple sait ne pas être à la hauteur de l’Histoire.
François Bayrou, donc, s’impose comme le principal opposant de Nicolas Sarkozy. C’est son succès du printemps, authentifié par l’impact de son livre, « Abus de pouvoir ». Comment, au delà des chiffres des éditeurs toujours portés à l’optimisme, sinon ils ne seraient pas éditeurs, en mesurer l’impact? A cet indice: demandez à un membre du gouvernement ou à un responsable de la majorité, s’il a lu le livre de François Bayrou? La réponse sera invariablement non. Caricature dimanche soir, au Grand Jury. La Garde des Sceaux, Rachida Dati, assure ne pas avoir lu un livre intitulé « Abus de pouvoir ». Alors, il ne sert à rien de garder les Sceaux. Qu’ils se gardent tous seuls. En tout cas, la négation dit l’embarras."
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